Qui es-tu, d’où viens-tu, l’âne ?

Je viens de NUBIE , au Sud de l’Egypte , une terre aride et inhospitalière.

Ceci explique probablement ma réputation de frugalité .Les hommes disent de moi que quand il ne reste plus rien à manger pour une vache ou un mouton, il reste un vrai festin pour moi !

Toutefois, j’ai besoin de soins, de vermifugation , de soins pour mes sabots et mon pelage. Les contacts sociaux sont essentiels à mon bien-être. Par nature, je suis un animal grégaire, et donc en aucun cas ne peux vivre seul. Cependant, je conserve toujours une certaine indépendance vis-à-vis du groupe.

Je ne suis pas un humain ; je ne sais pas d’instinct comment me comporter avec vous. Ma sociabilité est une question d’éducation, pas de caractère.

Je peux percevoir le moindre changement dans votre posture ou votre expression faciale. Mes grandes oreilles sont de loin mon moyen d’expression le plus visible : observez les !

J’ai l’ouïe très fine, due à mes grandes oreilles ; en premier , j’écoute ; en second , je vois. Par vent favorable, je peux communiquer par les sons sur plusieurs kilomètres.

Quand je suis couché sur le flan, ne vous méprenez pas ; c’est que je me sens en parfaite sécurité.

Je possède un habit, que vous appelez pelage, pour chaque saison ; au début de l’automne démarre la pousse du pelage d’hiver, jusqu’à 10 cm ; j’ai alors l’air d’une grosse peluche, avec une épaisse visière protectrice . au cours du printemps, je perds peu à peu mes poils ; au cœur de l’été, j’arbore mon magnifique pelage estival , fin et soyeux.

Le regard vif, je participe avec intérêt à tous les évènements qui surviennent dans mon entourage ; et si je bouge les oreilles et avance avec curiosité et confiance vers vous , sans timidité, tension ou crainte, c’est que je suis en bonne santé.

Mon cadre de vie ? parlons-en ! N’oubliez pas que dans la nature , mes congénères sauvages vivent en plein air ; originaires de régions pauvres au climat sec et aride, ils passent la plus grande partie de leur journée à chercher leur nourriture. Nous, domestiqués, sommes « programmés » de la même façon : au pré, nous passons 15 heures par jour à marcher et manger.

Heureusement , votre législateur a pensé à moi : je dois être placé dans « des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de mon espèce ». Je dois aussi pouvoir « bénéficier d’une liberté de mouvement » en accord avec les besoins de mon espèce. Le pré est le mode de vie qui me convient le mieux. Je dois pouvoir accéder en permanence à un abreuvoir.

J’adore les surfaces sableuses pour me rouler ou me chauffer au soleil ; si il n’y en a pas, je les confectionne par piétinement, et m’y roule avec délice : c’est l’équivalent d’un bon bain pour vous !

Mon histoire m’a fait chasser les loups ; c’est probablement pour cela que je pourchasse les chiens étrangers qui rentrent dans mon enclos, pouvant aller jusqu’à être agressif !

Votre littérature a loué mon prétendu attrait pour les chardons ; en général , je ne mange que la fleur, ce qui empêche au moins sa repousse ; toutefois, en situation de sécheresse, chardons et orties constituent un aliment d’appoint.

Mon alimentation quotidienne ? de l’herbe, du foin et surtout rien d’autre ! la paille ne me nourrit pas, elle joue le rôle de coupe faim, c’est tout. Les céréales ? mon propriétaire dit que vu le peu d’effort que je fournis, elles me seraient nocives. Par contre , un complément en minéraux m’est indispensable.

Je suis un végétarien avec un estomac monogastrique de faible contenance. De ce fait je dois me nourrir en permanence et par petites quantités afin de pouvoir couvrir mes besoins énergétiques.

Mais surtout, n’oubliez pas mes friandises préférées : carottes, betteraves fourragères, pommes toujours coupées en 4 , pour ne pas m’étouffer.( je ne sais pas vomir, une pomme entière restera donc coincée et peut me faire mourir).

Mais bannissez les épluchures et déchets de cuisine, le pain même rassis ( je ne sais pas digérer le gluten et peux en mourir , merci !). Aimeriez-vous être une poubelle ? Moi non !

Autre information, je suis un peu coquet quand il s’agit de mes sabots : le parage m’est nécessaire.( on me fait les ongles !)

Enfin , sachez que je ne sais pas interpréter les petites tapes affectueuses que vous me donnez souvent ; est ce pour me réprimander, ou pour me gratifier ? Je préfère des gratouilles ou des caresses , qui pour moi, sont sans équivoque.

VOILA. VOUS CONNAISSEZ TOUT DE MOI !
MAIS AU FAIT , JE NE VOUS CONNAIS PAS ! UNE GRATOUILLE POUR FAIRE CONNAISSANCE , ET POURQUOI PAS , QUAND VOUS REVIENDREZ , UNE CAROTTE ? MERCI

-Bibliographie : Marisa Hafner- Anes- Delachaux et Nieslté-